Initiateurs de projet
ReMuA (Réseau de Musiciens-Intervenants en Ateliers) est une association (A.S.B.L) qui croise dans ses objectifs musique et intégration sociale des jeunes au départ de pédagogies musicales innovantes, principalement collectives visant à favoriser l’égalité des chances PAR la musique et sa pratique et POUR la musique en développant un programme dynamique de médiation culturelle. ReMuA été précédemment soutenu par la Fondation.
Constats et ressources de départ
Depuis 2013, les musiciens-intervenants de ReMuA parcourent les écoles pour y donner des ateliers musicaux hebdomadaires. Ce projet particulier s’inscrit en droite ligne de la philosophie El Sistema (référence au célèbre projet vénézuélien El Sistema, dont est notamment issu le chef Gustavo Dudamel). Il vise au développement de compétences de socialisation chez les enfants au départ d’un apprentissage instrumental collectif. Ce projet concerne des écoles à discrimination positiveau sein de quartiers défavorisés et accueillant souvent des enfants immigrés et primo arrivants qui connaissent des difficultés d’intégration et n’ont pas une bonne connaissance de la langue française. Les intervenants témoignent d’une réalité de précarité sociale et culturelle de type ‘quart-monde’ jamais rencontrée à ce point précédemment.
Objectifs et concrétisation du projet
La pratique de l’instrument et l’expérience de participation à un choeur sont pensées comme aidant significativement le jeune à prendre confiance en lui, à trouver leur place au sein du groupe, à mieux réussir à l’école et à favoriser sa palette, ses compétences et son ouverture culturelles et musicales.
Le projet El Sistema est actuellement implanté à Bruxelles et à Liège. La Fondation Reine Paola soutient particulièrement les actions menées dans les écoles de la capitale, un des objectifs étant ici de mettre en contact des écoles primaires de communes et de milieux différents (Ixelles et Molenbeek), d’où l’appellation ‘transcanal’. Les écoles concernées sont d’un côté ‘Les jardins d’Elise ‘et ‘Eugène Flagey’ ; de l’autre, ‘La flûte enchantée’ et ‘La rose des vents’. D’autres sponsors participent à soutenir d’autres pans de ce projet ambitieux (comme des ateliers dans des classes maternelles).
Concrètement, chaque enfant bénéficie ainsi de 1h30 à 5 heures de pratique musicale collective. Chaque enfant chante chaque semaine en classe sous la direction d’un musicien-intervenant qui passe une journée fixe par semaine dans l’école. Le projet est prévu pour que chaque enfant bénéficie du projet durant trois ans minimum dans le cadre scolaire avec une possibilité pour ceux qui désirent aller au-delà en para-scolaire. En première année, on chante durant le temps scolaire. En année 2, on chante toujours et on s’initie à un instrument à corde ou à vent. Chaque enfant participant se voit confier ‘son’ instrument pour l’année (totalement gratuitement Molenbeek). Ceci a aussi pour but d’intégrer la famille, les parents dans la dynamique du projet. En année 3, le chant et la pratique instrumentale passent en parascolaire et des ateliers fonctionnent le mercredi après-midi. Certains enfants qui se sont découvert une passion et des compétences sont intégrés à des orchestres et aiguillés vers d’autres lieux de formation musicale.
Régulièrement, les apprentis musiciens des différentes écoles se rencontrent pour travailler ensemble dans une école ou un centre culturel et préparer le concert de fin d’année commun qui est donné dans un lieu prestigieux comme Flagey ou Bozar. Cet événement rassemble les familles, les communautés de quartier et des responsables politiques et acteurs de l’enseignement.
Après trois ans s’est posé un questionnement en profondeur sur les activités proposées. En effet, le projet El Sistema transcanal a à l’origine été mis en place pour organiser des concerts communs avec les différentes écoles. Remua a rapidement constaté un certain mécontentement des écoles, car elles n’avaient pas assez leur mot à dire dans la tenue des activités. L’équipe de Remua a transformé certaines activités en proposant aux intervenants d’agir plus directement. Remua a également fait une proposition de planning, mis en place des réunions d’évaluation et valorisé le renforcement de la communication quotidienne. L’équipe de Remua a constaté qu’il était nécessaire de s’adapter aux écoles. L’offre a été adaptée au cas par cas.
Au niveau de l’aspect chronophage des activités mis en avant par les enseignants, Remua a modifié les activités pour faire le lien avec le contenus des cours, ce qui donne davantage de sens aux activités. L’équipe de Remua a également mis en place une évaluation des activités par les écoles et les musiciens. Pour renforcer leurs activités, ils donnent aux enseignants un dossier pédagogique et des ressources pour qu’ils puissent refaire les activités.
Le projet El Sistema a donc changé avec le temps et il concerne maintenant plutôt les instruments (cours d’instrument en parascolaire), même s’ils continuent à faire des ateliers dans les écoles.
Petit à petit, le projet a voulu mettre l’accent sur la création, à partir des enfants et les projets sont de ce fait fort différenciés d’une école à l’autre.
Remua propose ainsi des parcours « courts » avec des mises en place toutes les 5 semaines. L’avantage perçu est que les enfants voient une « vie » du projet via les différentes thématiques (il y a toujours quelque chose de nouveau).
Les parcours longs ont lieu toute l’année et sont étayés de 3 réunions d’encadrement et de gestion (en début, mi-parcours où les enfants montrent ce qu’ils savent déjà faire, via un petit spectacle ; en fin d’année avec le bilan et la projection pour l’année suivante ainsi que le spectacle).
Progrès réalisés
Les enfants témoignent de leur joie de découvrir de nouvelles musiques et cultures musicales à travers des ateliers (musiciens et danseurs ont par exemple fait découvrir Prokofief ou Stravinsky). Ils sont très fiers et heureux de réaliser quelque chose de beau, d’exigeant ensemble et cela dans des lieux féériques et avec des orchestres de premier plan.
Il semble profitable d’aller chercher les enseignants où ils sont, de ne pas leur forcer la main, d’impliquer et responsabiliser les directions d’école. Travailler davantage au départ avec les classes dont l’enseignement est motivé s’avère un gage de réussite du projet et de son extension par la suite. Trois à quatre réunions sont organisées par an avec les institutrices dont une majorité accroche au projet. S’il reste difficile d’évaluer l’impact du projet sur les résultats scolaires des enfants, l’ensemble des acteurs scolaires témoignent de progrès indéniables en musique, au niveau de l’attention, de la concentration, de la discipline et des compétences en français oral, cela même quand les enfants ne montrent pas de réelles dispositions en musique.
Une attention particulière a été accordée à l’information des parents par divers canaux et porte ses fruits. Se poster à la sortie des classes pour discuter avec les parents et faire passer les messages s’avère payant. C’est le moment pour créer des contacts, expliquer le projet et prendre les numéros de téléphone. On note un intérêt des parents en écho à l’enthousiasme des enfants. Ils se déplacent de plus en plus nombreux pour assister aux activités.
De façon générale, les enseignants constatent chez les enfants, une amélioration de la mémorisation via une méthode de mémorisation basée sur la musique, une amélioration de l’apprentissage du vocabulaire et de la culture générale.
Effets positifs non attendus
Des ateliers d’écriture de chansons ont été mis en place dans les classes avec des enfants et des enseignants semblent mordre à cette activité, ce qui fait écho à l’approche voulue dans le pacte d’excellence.
Difficultés et résistances spécifiques au projet
Les conditions posées par certaines directions ou enseignants peuvent compliquer les choses (par exemple le fait d’alterner animations musicales et d’expression) et donner l’impression au début qu’on arrache une convention.
A ce stade de début de projet, les enseignant.e.s changent souvent d’établissement et ils/elles restent sur leurs gardes, se sentant souvent vulnérables par rapport aux familles. Cela les empêche de s’ouvrir facilement et totalement à ce qui leur est proposé. ReMuA a commencé à constituer et mettre en ligne un matériel pédagogique à destination des enseignants (chansons thématiques en lien avec le programme scolaire. ReMuA ressent la nécessité de miser autant sur une pédagogie des adultes que des enfants, sans nécessairement se sentir outillé pour cela.
Concrètement, il reste difficile jusqu’ici d’organiser des rencontres régulières entre les enfants des écoles d’Ixelles et de Molenbeek en dehors des périodes de répétition. Le temps est rare et précieux et le stress s’invite souvent en fin d’année.
La période du ramadan s’avère un moment de l’année où les familles se replient entre elles et sur d‘autres priorités. Il faut donc tenir compte de ces éléments pour concevoir le programme et l’horaire des activités.
Poursuite du projet
Remua souhaite palier aux difficultés liées à la dimension organisationnelle différente des écoles. La préparation en amont est donc nécessaire (plan sur du moyen terme). L’agenda des activités sera proposé le plus tôt possible et l’offre de parcours courts/longs et d’activités sera mise en place selon les demandes des écoles.
Le souhait est également d’améliorer la stabilité des projets en privilégiant plus de réunions et en repensant le fonctionnement.
Contact
Responsable de ReMuA : Barbara Grégoire
ReMuA – Réseau de Musiciens-Intervenants en Ateliers
02/537 74 38 0484/62 08 23
6/16, Chaussée de Boondael – 1050 Ixelles