Structure d’accueil du projet
L’observatoire BAYAYA qui a lancé le projet est une asbl créée par deux jeunes adultes, eux-mêmes d’origine africaine et conscients des difficultés rencontrées par les adolescents d’origine sub-saharienne dans leurs différents milieux de vie. A l’époque du début du projet, une culture de gangs apparaît dans Bruxelles et différentes bandes de jeunes d’origine africaine s’affrontent. Au démarrage du projet, l’association travaille avec de petits moyens venant du public et a déjà débuté son action de tutorat scolaire qui constitue le pilier central de son travail de terrain.
Constats et ressources de départ
Souvent scolarisés en D+, ces élèves d’origine africaine concerné.e.s par le projet rencontrent des difficultés voire le décrochage scolaire. Coincés entre deux cultures et codes de conduites, les relations qu’ils/elles entretiennent avec leurs parents sont souvent houleuses. Dans un univers culturel et social restreint, les frustrations des garçons, leur désir de reconnaissance et leur égo démesuré s’expriment régulièrement dans la confrontation physique avec d’autres groupes de jeunes. Une des deux personnes à l’origine du projet était à l’époque étudiante à la FOPA (Master en sciences de l’éducation de l’UCL) et rédigeait un mémoire sur les bandes urbaines. Elle pouvait aider à intervenir en cas de violences communautaires. Son expertise a été et reste précieuse pour l’association.
Objectifs et concrétisation du projet
Le tutorat scolaire a été confié à des personnes motivées qui reçoivent un petit défraiement. Ils étendent leur soutien au-delà en jouant l’intermédiaire avec les familles, les écoles et les autorités publiques quand il le faut. Le cercle des écoles et services partenaires a évolué avec les temps. Certains tuteurs acceptent d’être appelés jour et nuit en cas de besoin ou de danger. Parfois, ils sont médiateurs auprès des travailleurs sociaux, du juge ou du délégué de la jeunesse, aussi dans le cadre de suivis post-judiciaires.
Avec l’aide de la Fondation, des tuteurs-animateurs sont venus gonfler l’équipe à côté des tuteurs-professeurs. Ils ont animé des activités et des sorties culturelles et récréatives durant l’année scolaire, parfois des séjours à l’extérieur pendant les vacances (souvent autour des valeurs de promotion de la paix, de multi-culturalité et de reconnaissance mutuelle). Des ateliers virtuels et créatifs se sont succedés au siège de l’institution : cinéma, écriture, chant, rap, danse, vidéo. Des rencontres intergénérationnelles ont été mises en place avec les familles et les habitants du quartier. L’arbre à palabres a été le moyen de discuter du passé commun et souvent mal connu par les jeunes générations (esclavage…), aussi de désamorcer les contentieux entre les générations. Sciemment les parents sont plutôt tenus à l’écart même si on leur offre une écoute et des conseils sur demande, le but premier étant d’offrir un espace de respiration aux jeunes.
Pour mener ces activités, des travaux d’aménagement des locaux ont été nécessaires. Des entreprises ont été démarchées pour qu’elles offrent le matériel informatique dont elles voulaient se débarrasser.
Progrès réalisés – points forts
Le tutorat scolaire a indéniablement aidé les jeunes qui sollicitaient de l’aide pour améliorer leurs performances scolaires. Le taux de réussite des jeunes aidés n’a cessé d’augmenter avec les années. De nombreux jeunes ont mordu aux activités proposées et en ont retiré de la satisfaction. Ils se sont ouverts culturellement sur le monde. Certains se sont à leur tour mis au service des plus jeunes dans l’Association. Les médiations intergénérationnelles se sont montrées utiles. La presse a salué de manière unanime l’utilité du travail effectué par BAYAYA dans le cadre des émeutes urbaines et des affrontements entre gangs (soutien aux jeunes, aux familles, aux professionnels et autorités locales).
Effets positifs non attendus
Les résultats positifs du tutorat ont amené à suivre les jeunes qui fréquentent l’enseignement secondaire général ou qui se sont inscrits dans le supérieur.
L’association a servi de refuge passager à quelques jeunes en rupture familiale afin qu’ils ne ‘zonent’ pas en rue (dans un cas précis, les parents n’acceptaient pas le projet de leur fils majeur de se diriger vers des études d’art plastique pour des raisons de conformité religieuse et sociale).
Difficultés et résistances
Les responsables de l’asbl se sont plaints de manière récurrente d’un sentiment de discrimination et de récupération de leurs idées et de leur projet, notamment par divers services et autorités communales. Dès lors, les relations et collaborations ne se sont pas toujours bien passées. La survie et le développement de l’institution sont restés tributaires de subventions annuelles incertaines, insécurisant au premier chef les quelques emplois salariés. Les réglementations sont ainsi faites que la responsable diplômée de master se retrouvait surqualifiée pour occuper un poste dans le projet. Le vent a soufflé dans des directions contradictoires quant à la possibilité de stabilisation du projet au départ d’un agrément ministériel
Poursuite du projet
En fin de projet, l’association voulait appel à une scénariste professionnelle internationalement reconnue pour réaliser une vidéo sur le travail accompli. De nouvelles pistes potentielles de financement se dessinaient dans le privé. Un projet de création d’antenne à Liège et Charleroi se dégageait. Nous n’avons plus pu établir de contact mais dans un article de presse de 2016 (référence ci-dessous) intitulé ‘Bayaya contre l’aliénation’, Mireille Tsheusi Robert à l’origine du projet soutenu par la Fondation confirmait toujours la poursuite de l’Association et de ses missions. Depuis, elle semble être devenue présidente de l’ASBL Bamko asbl et chercheuse associative et formatrice sur les questions de diversité et de genre.