Structure d’accueil du projet
Ce projet a été pensé par un groupe de professeurs et un éducateur avec l’aval à chaque étape de la direction de l’Institut Sainte-Marie de Seraing, école secondaire qui avait précédemment déjà reçu le soutien de la Fondation pour son projet ‘Le spectacle en tant qu’acteur, un plus dans ma formation’. Il s’agit de l’une des trois implantations d’une structure scolaire plus large qui offre un enseignement professionnel et technique. La population des élèves est dans l’ensemble peu favorisée et souvent issue de familles éclatées et fragilisées. L’implantation Sainte-Marie offre des formations majoritairement féminines à l’opposé de l’implantation Cockerill. C’est elle qui a profité en priorité mais non en exclusivité du projet dont il est question ici.
Constats et ressources de départ
Les jeunes adolescents débordent d’énergie qu’il est difficile de canaliser. Les éducateurs remarquent que plus en plus de jeunes ont du mal à s’accrocher à leur scolarité. Les professeurs se découragent. Le promoteur de départ a déjà vu fonctionner un projet ‘Ecole de l’Espoir’ vu que l’école Sainte-Marie a déjà été soutenue précédemment.
Objectifs et concrétisation du projet
Le but était de redynamiser les adultes et les jeunes comme des acteurs afin de favoriser les apprentissages personnels et sociaux des adolescents et l’apprentissage de la démocratie. Le financement de micro-projets a été conçu à cette fin.
Dans ce but, d’autres actions ‘ phare’ ont été menées : premièrement des actions de remédiation personnalisée placées sous le label de ‘Sursaut scolaire’ et qui concernent les mathématiques, le français et les langues. Après des balbutiements au niveau de sa mise en place, ce pan du projet s’est recentré sur le français et s’est déroulé pendant les heures de cours. Une personne a été engagée spécialement pour encadrer la remédiation avec l’aide d’autres enseignants. Du matériel scolaire de base a aussi été acheté pour éviter que des jeunes ne soient automatiquement mis à la porte des cours en cas d’oublis.
Deuxièmement, le local de défoulement déjà existant a été perfectionné. Un accompagnement individualisé du jeune ‘qui déborde’ a été mis en place sous la responsabilité de quatre professeurs. Mais au-delà, certains garçons ont réclamé l’accès pour faire de la musculation.
Par ailleurs, un conseil de participation a été créé et en amont un conseil des délégués-élèves qui ont joué le rôle de courroie de transmission entre les adultes et les classes. Les éducateurs ont poussé les élèves à interpeller leur représentant en cas de problème ou pour passer un message. Des réunions hebdomadaires étaient organisées entre délégués. Aucune censure n’était appliquée même si toutes les demandes ne pouvaient être entendues (par exemple : fumer dans l’école). On y discutait d’actions concrètes qui pourraient être implémentées dans l’école. Des sous-commissions se sont ainsi créées pour veiller au respect des WC, pour encourager le tri sélectif- pour mettre sur pied une compétition d’échecs… De leur côté, les professeurs ont joué un rôle actif pour aider les jeunes à mettre sur pied leurs micro-projets et ils ont amené leurs propres idées et propositions. Les propositions d’activités ou de projets étaient discutées au sein du comité reprenant un membre de la direction, des éducateurs et des professeurs qui décidaient de manière la plus démocratique possible de donner ou non le budget. Peu d’initiatives ont été recalées.
Une comédie musicale a ainsi été créée. La question du bien-être’ a été travaillée grâce à la collaboration de plusieurs enseignant.e.s qui constataient que de nombreuses jeunes filles de l’école étaient mal dans leur peau, se nourrissaient mal, n’avaient parfois jamais été chez le coiffeur de leur vie…. Dans ce cadre, un partenariat a ainsi été mis au point avec une autre école ‘Maria Goretti’ située à Angleur. Par ailleurs, un espace ‘détente’ et d’autres actions ont été mises en place pour occuper les temps morts des élèves. On a acheté des jeux de société et du matériel informatique qui ont été mis à disposition des élèves dans un local prévu à cet effet. Des activités sportives ont été organisées dans la cour. Une journée sportive a été instaurée pour toute l’école une fois par an, un des buts étant d’étendre la palette de sports accessibles aux filles. 12 vélos ont aussi été achetés pour des sorties de groupe.
Progrès réalisés – points forts du projet
Les jeunes comme les adultes se sont impliqués dans le projet de l’espace de participation et au niveau de la pépinière de projets. Des expériences riches sont ressorties de ce processus. Les élèves ont mis sur pied des initiatives et ont progressivement pris la parole. Nombreux sont ceux qui ont apprécié les activités dont ils ont pu profiter durant les temps morts. Les réponses obtenues à divers questionnaires d’évaluation ont pu rendu compte de cette réalité. Cela a poussé de plus en plus de professeurs à collaborer, à proposer des activités. La cohésion s’est améliorée au sein de l’établissement. Le regard réciproque entre jeunes et professeurs s’est transformé.
Au bout d’un certain temps, on a vu émerger des effets de la remédiation. Les jeunes encadrés n’ont plus aussi facilement quitté l’établissement scolaire, prenant conscience de leurs progrès. Le sentiment de bien-être a augmenté notamment parmi les jeunes qui ont pu profiter du relooking ou des ateliers de détente et de créativité. Des projets de services mutuels gratuits sont nés au départ de la rencontre avec d’autres écoles. L’idée a ainsi germé de préparer un repas pour les filles qui avaient offert les soins de coiffure et du visage.
Effets positifs non attendus
Avec le temps, d’autres implantations que Sainte-Marie se sont senties concernées par le projet, ont mordu et ont pu profiter du soutien financier de la Fondation. Par exemple, à Jemeppe, les élèves ont soumis eux-mêmes des propositions d’activités qu’un professeur a pu concrétiser en recherchant des animateurs (4 ateliers : art floral, arts graphiques, sport, cuisine). Un projet ‘jardin’ a aussi vu le jour.
A l’ISMI(sections industrielles masculines), une animatrice extérieure a pu être engagée pour donner plus de sens aux études et développer le sens artistique. La 2ème a travaillé du papier mâché en construisant un avion… En prolongement du thème, les élèves de 6ème sont partis en Tunisie. Un groupe de jeunes a aussi travaillé à la rénovation d’un vieux bus autour du professeur de carrosserie.
Difficultés et résistances
Au niveau des activités, l’espace de défoulement n’étant utilisé quasi que par les garçons, la façon dont les filles, majoritaires dans l’école, expriment leur détresse et leur stress a été peut-être peu prise en compte pour proposer un dispositif qui rencontre leurs besoins. Le progrès de remédiation n’a pas toujours rencontré l’adhésion de tous les professeurs divisés sur les méthodes à employer, ce qui a pu déboucher sur une sous-utilisation des investissements.
Le matériel acquis et mis à disposition des jeunes a fait l’objet de quelques vols et dégradations de la part d’une minorité d’élèves qui, par leur comportement, ont desservi le projet. A un niveau organisationnel, il se peut que le fait que la Direction n’ait pas clairement communiqué et officiellement indiqué qui était le responsable de projet ait généré certains malaises et quelques questions dans l’équipe.
Poursuite du projet
Ce projet précis en tant que tel a été arrêté, notamment faute de moyens financiers mais d’autres idées et projet ont pu émerger.
Contact
Mr Reynkens, promoteur de ce projet à l’époque et actuellement en poste à l’Institut Saint-Laurent à Liège: prefet.isl@isllg.be